Rapport sur le climat changeant du Canada (RCCC)
Des scientifiques d’Environnement et Changement climatique Canada, de Pêches et Océans Canada et de Ressources naturelles Canada, ainsi que des spécialistes universitaires ont collaboré à la production du Rapport sur le climat changeant du Canada (RCCC). Publié au début d’avril, ce rapport explique pourquoi le climat du Canada a changé, comment il évolue et ce que l’avenir nous réserve. Ce document est le premier d’une série qui paraîtra dans le cadre d’une évaluation nationale visant à examiner les répercussions des changements climatiques sur les Canadiens et les mesures d’adaptation possibles. Il porte sur l’évolution de la température, des précipitations, des extrêmes climatologiques, de la neige, de la glace, du pergélisol, de la disponibilité de l’eau douce et du niveau de la mer, ainsi que sur d’autres changements touchant les océans, partout au Canada.
Ce rapport s’est rapidement retrouvé à la une des actualités en annonçant que le Canada se réchauffe, en moyenne, deux fois plus vite que la moyenne mondiale. Le Nord du Canada est l’une des régions de la planète où le réchauffement s’avère le plus rapide, avec une augmentation moyenne de la température de 2,3 °C depuis 1948, ce qui porte la hausse nationale à environ 1,7 °C (depuis 1948). Le rapport mentionne que le réchauffement au Canada continuera de s’aggraver environ deux fois plus vite que le réchauffement planétaire, le facteur humain étant la principale contribution à ce changement.
Le rapport souligne que les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent cesser de grimper presque immédiatement et que des réductions rapides et importantes de ces émissions doivent suivre, afin de minimiser le réchauffement futur autant que possible (par exemple, en suivant le scénario de faible émission RCP2.6).
En ce qui concerne les précipitations, le rapport note qu’en général, en raison du réchauffement, la pluie a augmenté au profit de la neige. Les observations indiquent aussi que les précipitations annuelles du Canada ont augmenté depuis 1948. Cette tendance devrait se poursuivre.
En ce qui concerne les extrêmes de température, le réchauffement engendrera un renforcement des extrêmes maximaux, tandis que les extrêmes minimaux s’atténueront. Les chaleurs extrêmes s’accentueront en fréquence et en intensité, ce qui entraînera un risque accru de sécheresse et d’incendie de forêt. Parallèlement aux augmentations prévues de sécheresse extrême, on prévoit que des précipitations d’intensité accrue accroîtront le risque d’inondation en milieu urbain.
Les auteurs affirment que l’évolution observée de la neige et de la glace au Canada concorde avec un réchauffement du climat, des diminutions printanière et automnale de la couverture de neige et de l’étendue estivale de la glace de mer, et avec un réchauffement du pergélisol. Ces tendances devraient persister. Les glaciers s’amincissent également. On estime que, même selon un scénario d’émissions moyennes, la plupart des petites calottes glaciaires et des plateformes glaciaires de l’Arctique canadien disparaîtront d’ici 2100.
L’approvisionnement en eau douce est aussi menacé, puisque l’évolution de la disponibilité saisonnière de cette ressource entraîne un risque accru de pénurie estivale d’eau.
Les océans qui touchent le Canada se sont réchauffés et cette hausse devrait se poursuivre. Ils se sont également acidifiés et désoxygénés. Les auteurs nous mettent carrément en garde contre ces risques :
« Le réchauffement des océans et la perte d’oxygène s’intensifieront davantage avec plus d’émissions de tous les gaz à effet de serre, alors que l’acidification des océans augmentera en réaction à des émissions supplémentaires de dioxyde de carbone. Ces changements menacent la santé des écosystèmes marins. »
La hausse locale du niveau de la mer accroîtra également le risque d’inondation côtière, puisque le niveau de la mer devrait continuer d’augmenter le long de plusieurs de nos côtes. Cette situation intensifiera la fréquence et l’ampleur des crues extrêmes. Dans certaines régions, comme celle de la baie d’Hudson, par exemple, les terres s’élèvent plus rapidement que le niveau mondial de la mer. Par conséquent, on y prévoit une baisse locale du niveau de la mer.
Le dernier chapitre du rapport porte sur notre avenir et sur le fait que les décisions que nous prenons aujourd’hui détermineront directement l’ampleur des changements climatiques.
« Le taux et l’ampleur des changements climatiques dans le cas d’un scénario d’émissions élevées par rapport à un scénario de faibles émissions prévoient deux avenirs très différents pour le Canada. […] Au-delà des prochaines décennies, la plus grande incertitude au sujet de l’ampleur des changements climatiques à venir est ancrée dans l’incertitude du comportement humain ».
La SCMO salue les chercheurs du Canada pour le travail qu’ils ont accompli afin de porter à l’attention des Canadiens les informations scientifiques rigoureuses et de haute qualité que renferme le rapport sur le climat. Nous croyons que ce rapport et les suivants profiteront aux décideurs et au grand public canadiens, à tous les niveaux et dans toutes les régions. Ces rapports nous sensibilisent aux risques actuels et continus associés aux changements climatiques, à la nécessité de s’adapter à l’évolution prévue du climat et à l’échelle de temps associée, ainsi qu’à l’importance d’agir rapidement en utilisant, par exemple, le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de minimiser les répercussions les plus dangereuses des changements climatiques.
Commentaires sur le rapport de nos experts
« Le Rapport sur le climat changeant du Canada (RCCC) de 2019 présente une évaluation minutieuse et détaillée des climats passé et futur au Canada. Les principaux messages émanant du rapport correspondent étroitement à la description d’un réchauffement mondial du climat et au portrait des changements climatiques en Amérique du Nord, qu’a présentés le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans sa série de cinq rapports d’évaluation détaillés depuis les années 1990. Cependant, le RCCC de 2019 reste inédit en ce qu’il met l’accent sur le Canada et l’évaluation intégrée de l’évolution prévue des conditions météorologiques extrêmes, du climat moyen, des ressources en eau douce et des eaux marines du Canada.
De mon point de vue scientifique, les projections pour la neige et la glace concordent étroitement avec les études auxquelles j’ai participé dans le cadre du réseau CanSISE (Canadian Sea Ice and Snow Evolution). Les spécialistes de ce réseau notent que le Canada connaîtra probablement une évolution importante et de plus en plus rapide de sa cryosphère au cours du prochain siècle. Ils ont également évalué le modèle canadien du système terrestre (CanESM2) et concluent que le modèle fait un très bon travail par rapport à d’autres modèles de sa génération. Par conséquent, le Canada s’avère bien placé sur le plan scientifique pour quantifier l’évolution de la neige et de la glace. »
– Dr. Chris Fletcher, Groupe de modélisation et d’analyse du climat, département de géographie et de gestion de l’environnement, Université de Waterloo
« Bien que je m’intéresse davantage à la recherche et au développement liés à la prévision météorologique, mes interactions et mes collaborations avec des spécialistes des changements climatiques, au fil des ans, m’ont convaincu que la modification du climat qu’engendre l’humanité est un enjeu sérieux qui nécessite une coopération nationale et internationale. Ce rapport nous signale qu’il faut entreprendre un débat ouvert et démocratique et prendre des mesures concrètes afin de lutter contre l’accélération des changements auxquels nous sommes confrontés, au Canada et dans le monde. »
– Dr. Hal Ritchie, Division de la recherche météorologique, environnement et changement climatique Canada (ECCC)
Plus comme ça :
changements climatiques, Environnement et Changement climatique Canada, Rapport sur le climate changeant du Canada, RCCC