Mot de la présidente Kimberly Strong : l’occasion de revenir
– Par Kimberly Strong, Présidente de la SCMO et directrice du département de physique de l’Université de Toronto –
Tandis que 2019 se termine et que nous accueillons 2020, nous avons l’occasion de revenir sur les événements de l’an passé et de décider de la voie à suivre cette année. Notamment en ce qui concerne les changements climatiques, qui ont été au centre de l’actualité l’an passé. Le progrès des mesures visant le climat a été au cours de l’année d’une lenteur frustrante pour beaucoup, notamment en raison du désaccord survenu en décembre à Madrid lors de la conférence COP25, qui a abouti à un faible accord de compromis sur la manière d’atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cependant, en 2019 nous avons été témoins d’une prise de conscience incomparable en matière de changements climatiques. La militante suédoise Greta Thunberg a inspiré l’organisation de marches et de manifestations dans le monde entier pour demander aux gouvernements et aux entreprises d’agir. Les changements climatiques ont été un enjeu important des élections fédérales cet automne. Le discours du Trônequi a suivi l’a reconnu en mettant l’accent sur la lutte contre les changements climatiques : « Les enfants et petits-enfants du Canada jugeront cette génération selon ses actions, ou son inaction, à l’égard du plus grand défi de notre époque : les changements climatiques. Des feux de forêt aux inondations, de la pollution des océans à l’érosion côtière, les Canadiens vivent les effets des changements climatiques tous les jours. Les données scientifiques sont claires; elles le sont depuis des décennies. Une nette majorité de Canadiens ont voté pour un plan d’action ambitieux en matière de lutte contre les changements climatiques maintenant. »
Le discours du Trône fixe un objectif ambitieux pour le Canada : l’atteinte d’émissions nettes nulles d’ici 2050. Le lendemain, le Conseil européen approuve l’objectif d’une Union européenne climato-neutre d’ici 2050, avec son Pacte vert pour l’Europe, conformément aux objectifs de l’Accord de Paris. Aussi, le parlement néo-zélandais a récemment adopté un projet de loi zéro carbone avec un soutien interparty de 119 voix contre 1. Il a ensuite annoncé qu’il prendrait désormais toutes ses décisions importantes en tenant compte du climat (site en anglais).
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat de l’ONU a déclaré que les émissions mondiales de carbone devraient être nulles d’ici 2050 si l’on veut maintenir le réchauffement à 1,5 °C. Bien que la voie vers cet objectif soit semée d’embûches, tant pour le Canada que pour le reste du monde, l’incapacité à atteindre ce but sera également coûteuse. Le monde financier en prend note, comme en témoignent l’ajout par la Banque du Canada des changements climatiques à sa liste 2019 des risques pour l’économie et le système financier canadiens, les recommandations pour le Canada du Groupe d’experts sur la finance durable, la lettre ouverte de grands investisseurs représentant plus de 34 mille milliards de dollars américains demandant au G20 de s’engager à prendre des mesures pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, et la nomination de Mark Carney à titre d’envoyé spécial de l’ONU pour le financement de l’action climatique. L’urgence nous est rappelée à chaque événement météorologique extrême que rapportent les bulletins de nouvelles, tout récemment, les incendies de forêt majeurs qui font rage en Australie, et à chaque parution d’un nouveau rapport scientifique. En 2019 ont paru le Rapport sur le climat changeant du Canada d’ECCC, le bilan sur l’Arctique de la NOAA (en anglais), le Rapport spécial du GIEC sur l’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique et le Rapport 2019 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions du PNUE. Les énoncés de position scientifiques de la SCMO, y compris notre déclaration mise à jour sur les changements climatiques, se trouvent à https://www.cmos.ca/site/ps_pos_statements?language=fr_FR&.
Ce numéro du Bulletin de la SCMO comprend plusieurs articles qui soulignent la fin de l’année. Le résumé annuel de David Phillips des Dix événements météorologiques marquants au Canada est toujours très attendu. Nous jetons également un coup d’œil sur les températures de l’été 2019 dans l’Arctique et sur les prévisions pour l’hiver 2019-2020 que produit le nouveau Centre climatologique régional en réseau pour l’Arctique (site en anglais). Dans l’ensemble du Canada, les prévisions saisonnières de l’hiver 2019-2020 annoncent des températures élevées dans le sud et l’est du pays et des précipitations supérieures à la normale dans la majeure partie du pays.
À noter, le 18 décembre a marqué le 20e anniversaire du lancement de l’instrument canadien MOPITT (mesure de la pollution dans la troposphère) à bord du satellite Terra de la NASA. Le professeur James R. Drummond a conçu MOPITT afin de mesurer le monoxyde de carbone à partir de l’espace. Dans ce numéro, Jim raconte l’histoire de MOPITT et souligne l’importance toujours actuelle de l’instrument. Jim et l’équipe du satellite Terra ont récemment reçu le prix 2019 William T. Pecora de la NASA et du Department of the Interior des États-Unis. La mention accompagnant le prix note que « Terra est sans doute l’un des satellites de télédétection visant la Terre les plus fructueux jamais déployés » et que MOPITT est le premier instrument « conçu pour observer la répartition et le transport du monoxyde de carbone troposphérique et, qu’avec d’autres capteurs, il a fait progresser notre compréhension de la qualité de l’air et des émissions émanant de la combustion de la biomasse. » Félicitations à Jim et à tous les membres passés et actuels de l’équipe MOPITT, pour le succès spectaculaire de cet instrument et de sa mission, qui consiste à quantifier et à suivre la pollution atmosphérique mondiale.
Tandis que nous arrivons en 2020, j’invite les membres à soumettre des candidatures pour les prix et récompenses de la SCMO (jusqu’au 15 février) et pour le titre de membre émérite de la SCMO (jusqu’au 15 mars), ainsi qu’à participer au Congrès de la SCMO à Ottawa, en mai.
Enfin, je tiens à remercier Sarah Knight pour son travail exceptionnel des trois dernières années et demie à titre de rédactrice en chef du Bulletin de la SCMO. Malheureusement pour la Société, Sarah nous quitte pour profiter de nouvelles occasions. Elle a été le fer de lance de la version en ligne du Bulletin de la SCMO et en a fait une revue attrayante et informative en libre accès, couvrant des sujets qui intéressent à la fois les membres de la SCMO et le grand public. Ce fut un immense plaisir de travailler avec Sarah et je suis certaine que vous vous joignez tous à moi pour lui souhaiter beaucoup de succès dans ses projets.
Meilleurs vœux pour une année 2020 heureuse et productive,
changement climatique, Greta Thunberg, Kimberly Strong, Mark Carney, Sarah Knight