Tisser des liens entre les modes de connaissance autochtones et occidentaux peut aider le Canada à atteindre ses objectifs en matière de biodiversité

– Par Lydia Johnson and Diane Orihel – 

Cet article a été publié à l’origine sur The Conversation sous la licence Creative Commons. 

La santé de la faune au Canada est importante sur le plan social, culturel et économique pour les Canadiens autochtones et non autochtones.

Mais en cette période de menaces écologiques accrues, exacerbées par un éventail vertigineux d’activités humaines, la faune est confrontée à des risques et à un déclin sans précédent. Aujourd’hui, plus de 40 000 espèces sauvages sont menacées d’extinction.

À l’occasion de la COP15 en décembre, le Canada s’est engagé à freiner l’appauvrissement de la biodiversité, tout en reconnaissant le rôle des peuples autochtones comme gardiens et protecteurs de la biodiversité.

Ces engagements ne peuvent qu’être réalisés par l’adoption d’approches novatrices à l’égard de la santé de la faune au Canada qui soutiennent l’intégration des savoirs autochtones.

Dans notre article récemment publié, nous avons examiné les études canadiennes qui ont tissé des modes d’apprentissage autochtones et occidentaux pour étudier les contaminants de l’environnement et la santé de la faune. Nous l’avons fait pour attirer l’attention sur les avantages du tissage des systèmes de connaissance et de la recherche en co-création.

Méfaits des pratiques de recherche historique

Au Canada, la recherche en sciences naturelles a contribué, et continue de contribuer,
aux préjudices subis par les peuples et les communautés autochtones. Les nombreux exemples de recherches menées « sur » plutôt qu’« avec » les communautés autochtones en témoignent.

Ces pratiques de recherche coloniales et extractives donnent lieu à des déséquilibres de pouvoir et créent un manque de confiance entre les Canadiens autochtones et non autochtones. Elles sapent les bienfaits potentiels d’une approche plus respectueuse et plus inclusive.

Dans la dernière décennie, le publication d’appels à l’action a favorisé une évolution vers la vérité et la réconciliation au Canada.

Les chercheurs, les détenteurs de savoirs et les organisations autochtones ont exhorté les scientifiques non autochtones formés à l’occidentale à intégrer la réconciliation dans tous les aspects de la recherche, de la formulation à l’achèvement.

Une voie innovante pour l’avenir

Les scientifiques non autochtones formés à l’occidentale ont le choix de réconcilier leur histoire en empruntant une nouvelle voie vers un modèle de collaboration scientifique plus respectueux et plus significatif.

Les modes de connaissance des peuples autochtones protègent et soutiennent leur relation avec la Terre depuis des générations.

Par exemple, les chasseurs inuits d’Ivujivik ont été les premiers à détecter des signes de mort et de maladie chez les eiders à duvet, ce qui a conduit à la collecte de carcasses. Des analyses de laboratoire ont ensuite confirmé la présence du choléra aviaire.

L’association respectueuse — ou le tissage — de cette expertise avec les approches de la science occidentale peut accroître la rigueur du processus de recherche et permettre de trouver de nouveaux moyens de résoudre des problèmes environnementaux difficiles.

Ainsi, le tissage de systèmes de connaissance améliore notre compréhension des différents facteurs contribuant aux problèmes de santé de la faune et de la flore sauvages et, par conséquent, améliore la surveillance, la gestion et la prise de décision en matière de faune et de flore sauvages.

Un tel tissage influence également de manière positive l’élaboration et la mise en œuvre des politiques.

Dépasser l’« intégration »

Le tissage de systèmes de connaissance ne se limite pas à rassembler différents modes de connaissance. Il s’agit d’un cadre visant à guider l’ensemble du processus de recherche.

Chaque projet, chaque communauté et chaque individu étant unique, il n’existe pas d’approche unique pour tisser des systèmes de connaissances.

Cela dit, dans toute recherche collaborative digne de ce nom, les chercheurs non autochtones formés à l’occidentale ont la responsabilité éthique de promouvoir les bienfaits et de réduire les dommages causés aux communautés autochtones et à leurs membres.

Cela nécessite un engagement précoce et continu, une confiance authentique, l’établissement de relations et la mise au premier plan des besoins et des intérêts de la communauté.

Le tissage des modes de connaissance exige également que le pouvoir et l’autorité en matière de prise de décision soient confiés aux communautés autochtones ou dirigés par elles. Plus important encore, elle exige une volonté de désapprendre nos modes de pensée et d’action coloniaux et de créer ensemble une nouvelle voie pour aller de l’avant.

Regard vers l’avenir

Le pouvoir de réunir des modes de connaissance peut en fin de compte créer des avantages mutuels pour toutes les parties concernées.

Ces avantages comprennent l’amélioration de la résolution des problèmes, la réponse à des questions auxquelles il n’aurait pas été possible de répondre avec un seul mode de connaissance, l’encouragement du renforcement des capacités et la promotion du transfert de connaissances entre les générations.

Pour veiller à ce que le Canada tienne les promesses faites lors de la COP15 et protège la santé des terres, des eaux, de la faune et de la flore sauvages ainsi que l’ensemble de la biodiversité, nous devons adopter des approches novatrices et globales qui se concentrent sur la recherche, la conservation et la gouvernance dirigées par les Autochtones.

Nous remercions la contribution de nos coauteurs au Grand Council Treaty N° 3, Environnement et Changement climatique Canada, Pêches et Océans Canada et l’Université de Victoria.

 


 

– By Lydia Johnson and Diane Orihel –

This article was originally published on the Conversation under the Creative Commons License.

The health of wildlife in Canada is socially, culturally and economically important to Indigenous and non-Indigenous Canadians.

But in this time of heightened ecological threats, exacerbated by a dizzying variety of human activities, wildlife are facing unprecedented risks and declines. Today, over 40,000 wildlife species are threatened with extinction.

At COP15 in December, Canada committed to halt biodiversity loss, while highlighting the role of Indigenous Peoples as stewards of biodiversity.

These commitments can only be realized through innovative approaches to wildlife health in Canada that support the inclusion of Indigenous knowledge.

In our newly published paper, we examined Canadian studies that wove Indigenous and western ways of knowing to study environmental contaminants and wildlife health. We did this to call attention to the benefits of weaving knowledge systems and co-created research.

Harms of historical research practices

In Canada, natural science research has, and continues to, contribute to harms to Indigenous Peoples and communities. We can see this in the many examples of research conducted ‘on’ rather than ‘with’ Indigenous communities.

These colonial and extractive research practices cause power imbalances and create a lack of trust between Indigenous and non-Indigenous Canadians. They undermine the potential good that could arise from a more respectful and inclusive approach.

Within the last decade, the release of Calls to Action has promoted a shift toward truth and reconciliation in Canada.

Western-trained, non-Indigenous scientists have been urged by Indigenous scholars, knowledge holders and organizations to incorporate reconciliation in all aspects of research from formulation to completion.

A good way forward

Western-trained, non-Indigenous scientists have the choice to reconcile their history by walking down a new path toward a more respectful and meaningful model of collaborative science.

Indigenous Peoples’ ways of knowing have protected and sustained their relationship with the Earth for generations.

For example, Inuit hunters from Ivujivik were the first to detect signs of death and disease in common eider birds, which led to carcass collection efforts. Laboratory analysis later confirmed the presence of avian cholera.

Respectfully coupling — or weaving together — such expertise with western science approaches can increase the rigour of the research process and devise new ways to solve challenging environmental problems.

As such, weaving knowledge systems enhances our understanding of the various factors contributing to wildlife health issues and thus, enhance wildlife monitoring, management and decision-making.

It also positively influences policy development and implementation.

Moving beyond ‘incorporating’

Weaving knowledge systems is more than just bringing together different ways of knowing. It is a framework to guide the entire research process.

Because each project, community and individual is unique, there is no one-size-fits-all approach for weaving knowledge systems.

That said, in any meaningful collaborative research, western-trained non-Indigenous researchers hold ethical responsibilities to promote benefits and reduce harm to Indigenous communities and community members.

This requires early and continuous engagement, authentic trust and relationship building and placing community needs and interests at the forefront.

Weaving ways of knowing also requires that the power and authority in decision-making be given to or led by Indigenous communities. More importantly, it requires a willingness to unlearn our colonial ways of thinking and doing and create a new path forward together.

Looking to the future

The power of bringing together ways of knowing can ultimately create mutual benefits for all involved.

These benefits include improved problem solving, answering questions that could not have been answered with one way of knowing alone, encouraging capacity building and promoting inter-generational knowledge transfer.

To ensure Canada delivers on its COP15 promises and protects the health of the lands, waters, wildlife and all biodiversity, we must adopt innovative and holistic approaches that centre Indigenous-led research, conservation and governance.

By acknowledging their privilege and position, being flexible and meaningfully working together with Indigenous Peoples, western-trained, non-Indigenous scientists can help improve wildlife monitoring and management in Canada while reconciling relationships with Indigenous Peoples.

We acknowledge the contributions of our co-authors at Grand Council Treaty #3, Environment and Climate Change Canada, Fisheries & Oceans Canada and the University of Victoria.


Lydia Johnson was born and raised on Robinson-Superior Treaty territory, homelands of the Anishinabek and Fort William First Nation and has mixed settler and Cree ancestry (Lac La Ronge Indian Band). She holds a Masters Degree from the Queen’s University School of Environmental Studies. Her research — supervised by Dr. Diane Orihel and in partnership with Grand Council Treaty #3, IISD-Experimental Lakes Area, and Environment and Climate Change Canada — focused on weaving Indigenous and Western ways of knowing in ecotoxicology and wildlife health with an aim of promoting collaborative and respectful science between Indigenous Peoples and Western-trained non-Indigenous scientists. 

biodiversité, biodiversity, Diane Orihel, ecotoxicology, indigenous, Lydia Johnson

Pour les numéros précédents allez à la page Archives sur le site principal.

© 2017 Société canadienne de météorologie et d’océanographie

Designed & powered by Creative Carbon