Pourquoi plus de 400 universitaires ont écrit à la ministre des Finances
– Par Haley Alcock à la suite d’un entretien avec Christina Hoicka, Ph.D. –
Le 19 janvier 2022, dans une lettre ouverte adressée à la ministre des Finances Chrystia Freeland, plus de 400 universitaires et chercheurs ont demandé avec instance au gouvernement fédéral de ne pas introduire un projet de crédit d’impôt pour la capture, l’utilisation et le stockage du carbone (CUSC). Insistant sur le fait que le crédit d’impôt constituerait une nouvelle subvention pour les combustibles fossiles, ces universitaires ont clairement indiqué que la recherche et la science ont un rôle important à jouer en signalant les divergences dans les nuances de la politique climatique gouvernementale. Les connaissances des chercheurs qui leur permettent de voir des disparités que les non-chercheurs ne voient peut-être pas, sont exactement la raison pour laquelle Mme Christina Hoicka et ses sept co-auteurs ont décidé de rédiger cette lettre.
Grâce à ses recherches, Mme Hoicka sait que les énergies renouvelables sont devenues l’option énergétique la moins chère, même par rapport au charbon. Qui plus est, il existe déjà des technologies prêtes à être commercialisées, comme les éoliennes, les panneaux solaires et les outils d’efficacité énergétique, qui se sont avérées évolutives pour nous permettre d’atteindre les objectifs d’émissions de 2030. Sa préoccupation et la raison pour laquelle elle a écrit à la ministre Freeland est qu’au lieu d’axer leurs efforts sur ce que la recherche montre que nous devons faire, les gouvernements se concentrent sur des technologies comme le CUSC qui ne sont pas nécessairement prêtes pour le marché et dont il n’est pas prouvé qu’elles puissent nous permettre d’atteindre les objectifs de 2030.
Son autre préoccupation est que si cette proposition de subvention fiscale est utilisée pour des projets de récupération du pétrole, elle constituerait en fin de compte un programme de subvention des combustibles fossiles. Elle rendrait peut-être la production de combustibles fossiles plus efficace, mais elle subventionnerait en fin de compte la production et l’utilisation prolongées d’un produit dont nous savons que nous ne pouvons plus continuer à l’utiliser. Selon Mme Hoicka, au lieu de se concentrer sur les changements que des recherches comme les siennes montrent qu’il faut opérer, des politiques comme celle-ci peuvent détourner l’attention des véritables solutions.
Les changements climatiques sont un problème majeur de notre époque qui touchent presque tous les aspects de la société. Il s’agit aussi d’un problème extrêmement urgent. C’est, selon Mme Hoicka, la raison pour laquelle la lettre a acquis une telle popularité parmi les chercheurs d’un large éventail de disciplines. Les chercheurs peuvent avoir un rôle important à jouer en mettant en avant les meilleures preuves, en soulignant les disparités, en remettant en question les décisions et en faisant pression sur les décideurs pour qu’ils appliquent des politiques fondées sur des preuves. L’inquiétude croissante que suscite le processus décisionnel en matière de climat, en plus des préoccupations professionnelles, incite de plus en plus d’universitaires à s’exprimer dans la sphère publique.
Pour Mme Hoicka, la réussite de cette lettre est que nous continuons à avoir des conversations difficiles sur les changements sociétaux que nous devons opérer. Cette lettre a suscité une grande prise de conscience, ce dont Mme Hoicka se réjouit. Comme elle le dit, « il peut être difficile de mettre les universitaires d’accord sur certaines choses. Alors, quand vous regardez quelque chose comme le GIEC ou le fait que plus de 400 universitaires et plus ont signé cette lettre, c’est important d’y prêter attention. »
Haley Alcock is the editor of the CMOS Bulletin. They hold a masters of science in micrometeorology from McGill University. Haley splits their time between doing climate science, communicating science, organic farming and working towards climate justice.
Dr. Christina Hoicka is an associate professor at the University of Victoria and a Canada Research Chair in for urban planning and climate change. She has degrees in engineering, environmental studies and geography, and she combines these perspectives into both teaching and research. Her current areas of focus are to combine the fields of energy geography and sustainability transitions in order to investigate the actions of communities and the demand-side (households, firms, organizations) in mitigating climate change.
Christina Hoicka, énergies renouvelables, la capture du carbone, politique