Les tourbières à la COP26

Notre planète se réchauffe, ce qui aura de profondes répercussions sur les écosystèmes et les espèces qui en dépendent, y compris nous. Le risque pour les écosystèmes à teneur élevée en carbone et l’amplification potentielle du réchauffement climatique résultant de la libération de gaz à effet de serre (GES) par ces écosystèmes ont été mis en évidence, notamment pour les tourbières. Les tourbières ne couvrent que 3 % de la surface de la Terre mais représentent l’une des plus grandes réserves de carbone terrestre de la planète, avec environ 25 à 30 % du carbone du sol mondial stocké sous forme de matière organique partiellement décomposée dans les sols tourbeux profonds. La protection et le maintien du puits de carbone des tourbières et de la stabilité du carbone stocké sont reconnus à l’échelle internationale comme une action essentielle pour contribuer à atténuer le changement climatique mondial.

La nécessité de protéger les tourbières pour la plupart intactes à travers le Canada afin de faire face aux crises du climat et de la biodiversité était l’un des messages clés présentés à la COP26 par Constance O’Connor, Ph. D., et Justina Ray, Ph. D., Lorna Harris, Ph. D., et Vern Cheechoo du Conseil Mushkegowuk. Un quart des tourbières du monde se trouvent au Canada (carte), mais seulement 10 % d’entre elles se trouvent dans des zones protégées et il existe très peu de politiques visant à protéger les tourbières du développement économique et des infrastructures. L’article décrit les instruments et les outils scientifiques et politiques nécessaires pour protéger ces vastes réserves de carbone des tourbières, car une fois perdues à cause de la conversion des terres, le carbone est « irrécupérable » en ce sens qu’il ne peut être récupéré d’ici 2050, comme l’exigent les émissions mondiales nettes nulles.

A map of Canada showing with a yellow to brown gradient where the highest percentage of peatlands are
Carte – Les tourbières du Canada et des basses terres de la baie d’Hudson

Lors de la COP26, l’équipe a mis l’accent sur les basses terres de la baie d’Hudson (photo) – l’un des plus grands complexes de tourbières encore intactes au monde, qui stocke environ 30 à 35 milliards de tonnes de carbone, soit près de trois ans d’émissions annuelles de GES dans le monde et environ 175 ans d’émissions annuelles de GES au Canada. Mme Harris a décrit les menaces qui pèsent sur les tourbières à travers le Canada, notamment le développement de l’exploitation minière et des infrastructures dans les basses terres de la baie d’Hudson, et Mme Ray a souligné le risque particulier que représente l’intérêt accru pour l’extraction de « minéraux critiques » dans cette région, principalement dans le développement dit du « Cercle de feu ». Vern Cheechoo a décrit l’importance des basses terres de la baie d’Hudson en tant que patrie pour les peuples autochtones et a partagé les connaissances et les idées des Premières Nations vivant dans la région sur les impacts du réchauffement climatique mondial et des changements environnementaux sur les forêts, les tourbières et les rivières qui y sont reliées. M. Cheechoo a souligné la relation des peuples autochtones avec la terre et les eaux de la région, et l’importance du lien avec la terre – « nous sommes la terre, nous sommes les animaux, nous sommes l’environnement, et donc tout ce que nous faisons à la terre, au territoire, nous le faisons à nous-mêmes ».

An birds-eye view of green, lush peatlands with some pools of water
Photo – Les tourbières du Canada et des basses terres de la baie d’Hudson(photo credit: Lorna Harris)

Il est urgent de mettre en place des politiques ciblées, de l’échelle locale à l’échelle mondiale, pour protéger les vastes tourbières du Canada, pour leurs réserves massives de carbone et la régulation du climat mondial, pour la biodiversité et pour leur importance sociale et culturelle en tant que terres d’origine des peuples autochtones.


Dr Lorna Harris est spécialiste des forêts, des tourbières et des changements climatiques à la Wildlife Conservation Society Canada. Lorna est une scientifique des écosystèmes qui s’efforce de comprendre l’écologie, l’hydrologie et la biogéochimie des tourbières et des forêts de la zone boréale de l’Amérique du Nord. Les recherches de Lorna se concentrent sur la façon dont les tourbières se forment et se développent au fil du temps, et sur la façon dont ce développement peut être affecté par les changements environnementaux, soit en raison du réchauffement climatique mondial, soit en raison de perturbations directes telles que le développement d’infrastructures pour l’extraction de ressources. Lorna travaille également à l’amélioration des liens entre la science et la politique pour une meilleure protection et gestion des tourbières à travers le Canada.

COP26, Les tourbières, Lorna Harris

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