En souvenir de Philip E. Merilees, 1940-2018
– Par Ian Rutherford FCMOS, Ph.D. –
Le 7 mars 2018, monsieur Philip E. Merilees (Ph. D.) est décédé paisiblement à l’hôpital près de chez lui, à Bonita Springs (Floride), entouré de sa famille et à la suite d’une courte lutte contre le cancer.
Monsieur Merilees était un chercheur exceptionnel et un chef de file scientifique au Canada et aux États-Unis. Brillant théoricien, il a largement contribué à notre compréhension de la dynamique des fluides dans l’atmosphère et les océans. Il était un enseignant, un directeur et un mentor inspirant pour les étudiants, et il s’est acquitté avec brio de la gestion de la recherche et des chercheurs. Il manquera énormément à ses nombreux collègues, aux étudiants et aux chercheurs qu’il a dirigés et à tous ceux dont il a marqué la vie.
Phil, comme l’appelait presque tout le monde, est né à Chatham (Ontario). Il grandit et étudie là-bas puis à Montréal. En 1960, il termine un baccalauréat en physique de l’Université Sir George Williams, qui fait maintenant partie de l’Université Concordia. En 1962, il obtient une maîtrise en physique de l’Université Carleton (Ottawa). Il se joint au Service météorologique du Canada (SMC) et étudie la météorologie à l’Université McGill, où il reçoit un doctorat en 1966.
Phil était un véritable physicien mathématicien. Il combinait ses intuitions en physique et ses aptitudes en mathématiques pour décrire mathématiquement les processus dynamiques et thermodynamiques de l’atmosphère et des océans, ainsi que pour manipuler les équations et mener à une compréhension inédite de la physique. Il aurait pu contribuer immensément à des domaines plus à la mode, comme la physique des particules, qu’il a évitée en raison de la prolifération débridée (à son avis) des types de particules. Il était plutôt fasciné par la dynamique des fluides géophysiques et les nombreux problèmes liés à la compréhension du développement d’écoulements structurés qu’engendrent les configurations chaotiques de la turbulence, comme l’illustrent les expériences en bassins.
En tant que chercheur et universitaire, il a publié plus de cinquante articles portant sur ces sujets et couvrant d’autres domaines. Bon nombre de ses publications ont suscité une attention internationale. Ses travaux l’ont mené au sein de nombreux organismes internationaux et ont conduit à la reconnaissance de sa contribution personnelle à la recherche et à la gestion de la recherche. Il a représenté le Canada au sein du Groupe d’experts intergouvernemental du programme de recherche atmosphérique mondial (GARP), du Groupe de travail sur la dynamique à moyenne et à grande échelle de l’Association internationale de météorologie et de sciences de l’atmosphère et au sein de la Commission des sciences de l’atmosphère de l’OMM. Il a présidé des comités de sélection des subventions de recherche du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, et de la National Science Foundation des États-Unis.
Il remporte en 1970 le Prix de l’OMM destiné à récompenser les chercheurs et, en 1978, le Prix du président de la SCMO. On le nomme Fellow de l’AMS en 1981 et membre à vie de la SCMO en 1987. En 1994, il reçoit la médaille Patterson du Service de l’environnement atmosphérique (maintenant le Service météorologique du Canada) pour ses nombreuses contributions à la météorologie au Canada.
Phil a énormément contribué à la Société canadienne de météorologie et d’océanographie (connu sous le nom de Société de météorologie du Canada avant 1977) : président du centre de Montréal de 1986 à 1989; membre du comité exécutif de 1974 à 1979; président de 1975 à 1976; membre du comité scientifique de 2000 à 2018; corédacteur en chef d’Atmosphere-Ocean de 1983 à 1986; membre du comité des prix et des distinctions de 1983 à 1986; membre du comité des publications de 1983 à 1986 et membre émérite depuis 1999. C’est d’ailleurs en grande partie grâce à Phil que les océanographes ont été invités à se joindre à la Société de météorologie du Canada, dont le nom a changé en 1977, au cours de son mandat en tant que président sortant. La revue Atmosphere prend aussi alors le nom d’Atmosphere-Ocean.
Bien après sa retraite, Phil a continué de servir la communauté en tant que membre du comité de sélection des subventions de recherche du CRSNG et du comité scientifique de la SCMO.
En résumé, Phil était un homme exceptionnel : chaleureux, honnête, à l’éthique irréprochable. Il était dévoué à la science, à sa famille et à ses amis. En tant que collègue et ami, Phil a enrichi ma vie.
Vous trouverez, dans le no 2 du vol. 46 du Bulletin, des informations supplémentaires sur la vie et les contributions de Philip E. Merilees, dans l’article complet d’Ian Rutherford.